Par Marion Miclet | @Marion_en_VO
Quelles sont les sorties les plus attendues et les grandes tendances de l’année 2024 ? Voici un petit tour d’horizon des productions à venir.
Comme le veut la tradition, le tournant des fêtes voit les tops 10 des meilleures séries de l’année se multiplier comme des bulles de champagne. Et parce qu’en 2024, il y aura encore une fois davantage de nouveautés qu’il est humainement possible de consommer, nous vous aidons à prendre une longueur d’avance. En attendant que le festival Séries Mania (qui a lieu cette année du 15 au 22 mars) ne dévoile sa programmation officielle, voici les sorties incontournables des mois à venir – ces séries dont le pedigree et/ou le buzz sont déjà impressionnants. Nous nous pencherons aussi sur les tendances qui se dessinent pour l’industrie télévisée, qui a été affectée en 2023 par la grève des scénaristes à Hollywood et les difficultés financières des plateformes de streaming. À vos agendas !
Les séries dont tout le monde parle déjà
Qu’il s’agisse d’une coïncidence du calendrier ou d’un besoin dans l’air du temps, de nombreuses séries prévues pour 2024 se recoupent dans leurs thèmes et origin stories. D’abord, pour un peu de légèreté, ou si vous êtes en quête d’inspiration pour renouveler votre garde-robe pendant les soldes, sachez que la mode et la haute couture occupent une place de choix dans la collection printemps-été 2024. C’est Disney+ qui ouvre le défilé avec la production espagnole Cristóbal Balenciaga (19/01), inspirée de la vie du couturier légendaire (joué par Alberto San Juan). Autre biopic au casting international, The New Look (Apple TV, 14/02) se penche sur la carrière de Christian Dior. Ben Mendelsohn incarne le designer iconique aux côtés de Juliette Binoche, Glenn Close, John Malkovich et Maisie Williams. La série a été entièrement filmée à Paris, tout comme Kaiser Karl (Disney+, pas de date annoncée), consacrée à l’ancien directeur artistique de Chanel. C’est l’acteur allemand Daniel Brühl qui lui prête ses traits. Également sur le podium, La Maison (Apple TV+), réalisée par Fabrice Gobert (Les Revenants) et Daniel Grou (Lupin), suit une dynastie française du luxe dont le créateur déchu est joué par Lambert Wilson.
Nous vous en parlions dans notre dernier article, une autre tendance qui se concrétise en 2024 est le rapprochement entre cinéma et séries. Une flopée de nouveautés ont pour matériau source un film ou une adaptation cinématographique inoubliable. L’acteur irlandais Andrew Scott reprend ainsi le rôle du Talentueux Mr Ripley pour Steven Zaillian (cocréateur de la mini-série glaçante The Night of) ; Donald Glover et Maya Erskine sont les explosifs Mr. and Mrs. Smith sur Prime Video (02/02) ; la série Ted (prévue sur Peacock aux U.S.) est un prequel du film culte ; dans One Day (Netflix), Ambika Mod (This Is Going to Hurt) et Leo Woodall (The White Lotus) tentent de nous faire oublier le couple interprété par Anne Hathaway et Jim Sturgess ; et enfin Clive Owen est Monsieur Spade (Canal+) – le personnage central du Faucon maltais dont le plus célèbre interprète reste Humphrey Bogart – dans la série du même nom signée Scott Frank (Le Jeu de la dame) et Tom Fontana (Oz). Mentionnons aussi du côté français la saison 2 de Pamela Rose : la série (Canal+), déjà en développement.
Ligne d’horizon trouble
En parlant de projets en cours, il semble que 2024 sera pour Hollywood l’année du repli vers la sécurité. Alors que la télévision est largement considérée depuis quelques années comme le médium où les auteurs visionnaires sont les bienvenus et la prise de risque récompensée, une onde de choc s’est fait sentir en 2023. D’une part, la grève des scénaristes de la Writers Guild of America – réclamant une juste réévaluation de leurs rémunérations – a mis à l’arrêt la machine la plus puissante de l’entertainment mondial de mai à septembre 2023. Avec le report avéré ou probable des nouvelles saisons de Stranger Things, The Last of Us, Wednesday et The Bear à 2025, on ressent déjà le puissant effet domino de la grève sur le calendrier des sorties. D’autre part, la Peak TV, c’est fini. Non seulement nous avons dit au revoir cette année à certaines des œuvres les plus emblématiques de cet âge télévisé, comme Succession, Barry, The Marvelous Mrs. Maisel, The Crown ou Sex Education, mais le rythme effréné des sorties a été stoppé.
Pertes d’abonnés, sonnette d’alarme tirée à Wall Street, reconsidération des investissements illimités dans les nouveaux contenus… Etant donné qu’il est fort possible qu’elles ne survivent pas toutes, les plateformes de streaming ont pris deux résolutions claires pour la nouvelle année : cancellation et consolidation. Pour réduire les frais, un nombre considérable de séries qui avaient pourtant trouvé un public (si ce n’est le grand public) ont été annulées sans fanfare, au profit d’achats de droits (voir le succès de Suits sur Netflix). La publicité est (re)introduite. Les projets qui reçoivent désormais le feu vert sont moindres, moins coûteux et sentent un peu le réchauffé. Quelques exemples de séries en développement en 2024 : Twilight, Harry Potter, Blade Runner 2099, Rashomon, The Magnificent Seven. Ces titres vous disent tous déjà quelque chose ? C’est le but !
Un futur en construction
Alors d’où viendra l’innovation ? De ce côté-ci de l’Atlantique. En premier lieu, direction le Royaume-Uni, où l’année télévisée 2024 s’annonce très excitante. Dans The Regime, Kate Winslet incarne la chancelière d’un régime autoritaire européen fictif dont le pouvoir vacille. Cette série est gouvernée par une coalition de choc : outre Kate Winslet, les producteurs exécutifs sont Stephen Frears (Quiz, The Queen au cinéma), Tracey Seaward (The Queen), Frank Rich et Will Tracy (collaborateurs sur Succession). Et c’est Guillaume Gallienne qui incarne le mari du personnage principal. Toujours sur le ton de la satire, Armando Iannucci et Sam Mendes font équipe pour la comédie The Franchise sur les coulisses d’un tournage de film de superhéros. Après Gentleman Jack, Sally Wainwright nous présente une autre héroïne atypique, nommée Nell rebelle – une bandit de grand chemin dans l’Angleterre du 18ème siècle. Truelove de Charlie Covell (The End of the F***ing World) et Iain Weatherby (Humans) se penche sur la question délicate de l’euthanasie. Steven Moffat aborde la cancel culture dans Douglas Is Cancelled et la comédie féministe punk We Are Lady Parts revient pour une seconde saison. Leur point commun : bousculer le statu quo.
La France n’est pas en reste. Nous l’avions évoqué récemment, le boom des tournages de séries internationales dans nos régions continue. La production phare Franklin (Apple TV+), qui retrace les huit années que Benjamin Franklin (Michael Douglas) passe à Paris pour faire valoir la démocratie aux États-Unis, s’est installée à Versailles. Dans The Veil (FX), le personnage écrit par Steven Knight (Peaky Blinders) et joué par Elizabeth Moss s’engage dans un dangereux jeu du chat et de la souris entre Paris, Londres et Istanbul. 2024 sera par ailleurs l’année de la construction et modernisation de studios sous l’initiative de la Grande fabrique de l’image à Montpellier, Tourcoing ou encore Bry-sur-Marne. Autre innovation locale, la série Anthracite tournée dans les Alpes est « la première éco-production de Netflix en France » et elle fait appel à une éco-référente. Dans ce thriller enneigé créé par Maxime Berthemy et Fanny Rober, l’élément déclencheur est le meurtre d’une femme selon des rites similaires à ceux d’une secte qui avait entraîné un suicide collectif trente ans plus tôt. 2024… on en frissonne déjà !
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