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Par Laurence Herszberg, directrice générale de Séries Mania

Où sont les jeunes issus des quartiers prioritaires, des zones rurales isolées et des périphéries dans la fabrication de nos séries ? Si quelques progrès ont été faits sur la représentation des minorités visibles à l’écran, progrès qu’il faut amplifier, peu de choses ont été faites pour leur donner une place derrière la caméra.

Pour avoir des équipes plus représentatives de la société et surmonter la barrière d’entrée à nos métiers, déployer des formations inclusives est une nécessité.


Le Collectif 50/50 vient de mettre à jour son étude sur la place des femmes derrière la caméra. Sur les dix dernières années (2013-2022) elles sont moins de 30% à avoir signé un film ou une série en France. Depuis l’appel lancé il y a 5 ans pour plus de parité dans les équipes audiovisuelles, les progrès sont lents et le plafond de verre toujours présent. Il en est de l’inclusion comme de la parité, nous devons progresser.

tournage tremplin series mania institute 2
Tournage de la mini-série Tremplin 2022/2023


Ce sont d’abord les plateformes anglo-saxonnes et notamment américaines qui se sont saisies du sujet de la représentativité dans les séries. Elles ont réveillé l’audiovisuel en s’adressant à des populations délaissées par la télévision linéaire. Leur succès et leur créativité débridée, à l’image des séries Sex Education ou Elite, a permis une prise de conscience des enjeux de diversité. Ces séries ont été plébiscitées par le public ce qui doit contribuer à ce que l’industrie intensifie ses efforts.

L’enjeu est clair : l’industrie des séries doit mieux représenter la société pour être plus créative, le recrutement des collaborateurs doit témoigner de sa diversité et donc de sa richesse.


Premières initiatives françaises se sont emparées du sujet en proposant des formations gratuites, adressées aux jeunes des quartiers populaires. L’école Kourtrajmé à Montfermeil, la CinéFabrique à Lyon ou l’association 1.000 visages en Ile-de-France ont ouvert la voie.


Plus récemment, le programme Tremplin que nous proposons à Lille avec Series Mania Institute, propose un parcours d’initiation aux métiers de la série accessible sans condition de diplôme. Écriture, réalisation, photo, son, régie, production, montage, post-production, décors : chaque métier est abordé par la pratique. L’enjeu est triple : faire découvrir aux jeunes des métiers, les aider à y trouver leur place et à révéler leurs talents.

S’ils n’ont pas les codes du métier, ils en rafraichissent l’approche et font preuve d’une créativité inédite.

Nous avons été bluffés par la mini-série d’horreur qu’ils ont mise sur pied en à peine 6 semaines. 20 jeunes que nous avons suivis et que nous avons vus se métamorphoser au fil du temps. Ces jeunes sont créatifs, ils n’ont pas conscience de leur potentiel, il faut leur faire de la place. Mais les freins géographiques, sociaux et financiers sont extrêmement lourds. La concentration de la production de séries en Ile-de-France accentue les écarts, il est difficile de se déplacer, coûteux de se loger, etc.

[TRIBUNE]
Prise sur le tournage de la mini-série d’horreur du Tremplin 2022/2023

Le plan France 2030 la grande fabrique de l’image va apporter des correctifs et permettre une meilleure représentativité en favorisant la décentralisation de l’audiovisuel. Il n’en est que temps. L’Ile-de-France concentre les deux tiers des diplômés de l’audiovisuel en France, en 2019, environ 29% des scénaristes étaient des femmes d’après la SACD, et à horizon 2030, il faudra doubler le nombre de professionnels de notre secteur.

Nous devons nous ouvrir, pour que tous ces futurs professionnels ressemblent à ceux qui font notre pays.

Que ce soient des scénaristes, des profils d’encadrement de la production audiovisuelle, des réalisateurs ou des techniciens de plateau, les besoins sont énormes, et le secteur en tension. Il ne faut pas perdre de temps.

Poursuivons l’ouverture de nos métiers aux jeunes, à tous les jeunes. Dans des sociétés fracturées, les séries, phénomène culturel majeur, peuvent jouer un rôle de ciment social, et cela commence par la formation d’équipes aux profils variés.

Snow, participant au Tremplin :

« Avant, j’avais effectué un service civique dans une école. Je pensais que travailler avec des enfants était ma voie. Mais je me suis rendu assez vite qu’au fond de moi, une lumière attendait de briller dans le milieu artistique. »

[1] En 2015, avec près d’un habitant sur cinq âgé de 15 à 29 ans, la région des Hauts-de-France est la plus jeune de France de province. Malgré une diminution du nombre de jeunes d’ici 2050, elle le resterait à cet horizon. Source INSEE.
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