Entre quotidien fantasmé et réalité du terrain, séries médicales engagées et fictions qui posent des mots sur nos maux : on vous prescrit six séries et une conférence programmées cette année, qui s’intéressent de près à votre santé.
Longtemps les séries nous ont laissé croire qu’être médecin, c’était pratiquer une chirurgie à cœur ouvert sur du Vivaldi, diagnostiquer les maladies les plus improbables avec flegme ou vivre une idylle interdite entre deux sauvetages héroïques.
Malgré la révolution Urgences en 1994 qui, avec sa réalisation âpre et son service surmené, opérait un changement de ton brillant – les sourcils broussailleux de Doug Ross ont d’ailleurs suscité quelques vocations – l’hôpital est resté un microcosme prétexte à tous les genres, de la comédie la plus réconfortante (Scrubs, H), au drama culte (Grey’s Anatomy, New Amsterdam). Même le cinéaste controversé Lars von Trier a proposé sa version burlesque et surnaturelle dans la série L’Hôpital et ses Fantômes qui fête ses 25 ans.
Si ces exemples populaires présentent une version édulcorée de la médecine, des créations récentes choisissent elles de filmer la réalité du quotidien des personnels soignants. Notamment depuis que des médecins ayant rendu leur stéthoscope racontent leurs expériences pour le petit écran.
En Italie, la série Doc continue de suivre la reconstruction, pour le meilleur, d’un médecin devenu amnésique suite à un accident. Le pitch est rocambolesque, le ton léger et pourtant l’histoire est bien réelle : Pierdante Piccioni, le médecin ayant inspiré la série, présentera deux épisodes de la nouvelle saison de ce succès transalpin. Autre adaptation des mémoires d’un médecin, la série This is Going to Hurt est une plongée bouleversante dans un service de gynécologie-obstétrique saturé. Portée par l’interprétation magistrale de Ben Whishaw (The Hour, A Very English Scandal), elle ne retient pas les coups pour dénoncer les difficultés des personnels de l’hôpital public anglais, entre sacrifice et burn out. En France, l’ex-médecin devenu cinéaste Thomas Lilti dissèque lui aussi l’hôpital public, ses héros·ïnes et ses failles, dans la série Hippocrate comme dans ses films. Alors que la situation sanitaire liée au Covid-19 place les soignant·es et leurs patient·es au cœur du débat, il sera présent pour dialoguer avec Martin Hirsch, directeur de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, autour de la prise en charge de la santé en France.
Quand de nombreux tournages se sont retrouvés suspendus en 2020 au plus fort de la crise – les séries Hippocrate et Doc n’ont d’ailleurs pas été épargnées – d’autres histoires naissaient de cette situation inédite.
Sunshine Eyes, anthologie sensible tournée pendant le premier confinement à Berlin, imagine ainsi le quotidien de plusieurs familles dont le destin est chamboulé par les événements. Dans le même élan, la nouvelle saison d’En Thérapie s’intéresse à ce nouveau choc pour la société française après avoir affronté les traumatismes des événements du Bataclan.
Enfin, ironie du sort, la série post-apocalyptique Station Eleven adaptée d’un roman sorti en 2015 qui invente un monde en reconstruction après qu’une grippe ait disséminé 99% de l’humanité, débutait son tournage en janvier 2020, avant d’être finalement produite l’année suivante. La série fascine autant par sa réalisation poétique et virtuose que par sa résonance inattendue avec l’actualité du monde.