OK

Par François-Pier Pélinard-Lambert (Le Film Français)

Depuis sa création, Séries Mania a toujours entretenu un rapport privilégié avec la fiction australienne. Des séries devenues cultes comme Please Like Me ou des succès d’audience comme Mystery Road y ont été dévoilés en avant-première. Un lien particulier s’est forgé avec l’industrie locale qui a abouti il y a trois ans à la création de Séries Mania Melbourne.
L’Australian Center of the Moving Image et Film Victoria, l’agence audiovisuelle de l’État le plus puissant dans ce secteur, travaillent chaque année avec les équipes françaises à cette déclinaison de l’événement tricolore pour mettre en lumière les talents de l’île continent.

UN PEU D’HISTOIRE

Parler des spécificités, des tendances et des évolutions de la fiction
australienne est impossible sans poser un regard historique sur sa naissance. Les premiers balbutiements remontent à 1956, d’abord à Sydney, puis Melbourne. Les Jeux olympiques se déroulent dans cette ville et donnent alors une impulsion définitive aux petits écrans locaux qui seront répartis dès l’origine entre un service public (ABC) et deux chaînes commerciales (Seven et Nine). L’Australie est, dans les années 1950,
dans un entre-deux. Elle est intimement liée à la puissance coloniale, la Grande-Bretagne, mais aussi aux États-Unis qui, à partir de la Seconde Guerre mondiale, deviennent autant une puissance protectrice qu’un grand frère aussi présent qu’encombrant. La télévision naissante n’échappera pas à cette double tutelle. Très marquée par l’influence sérielle britannique et
américaine, la fiction australienne, comme beaucoup d’univers
artistiques, n’aura eu de cesse que d’imposer son univers. À ses débuts,
elle sera un robinet à films américains et britanniques. Les contenus locaux
sont essentiellement les journaux d’information et quelques émissions de divertissement appelés « variety shows » qui puisent dans le riche vivier des cabarets de Sydney et de la scène théâtrale de Melbourne. C’est en 1957 qu’apparaît Take That, la première sitcom, suivie en 1958 du premier soap (Autumn Affair) et, en 1959, de la première série médicale (Emergency). 1964 est l’année pivot de la fiction australienne avec cinq séries en tournage, et l’arrivée du premier feuilleton policier (Homicide). Cette série va permettre à une ribambelle d’auteurs, scénaristes, réalisateurs de faire leurs classes. Et donner naissance à de nombreux sequels ou séries dérivées.

Lire la vidéo

QUATRE PILIERS DE CRéation

La première fois que le monde entendra parler de la fiction australienne, c’est grâce à un kangourou, Skippy. L’histoire de l’amitié de ce marsupial (en fait, une dizaine étaient utilisés dans la série) avec un garçon appelé Sonny verra les 91 aventures de ce programme tournées de 1968 à 1970 faire le tour du monde, la série étant même diffusée en Union soviétique pendant la Guerre froide. Et fera croire à la planète que les kangourous étaient beaucoup plus sympathiques qu’ils ne le sont réellement…
Après une grande ère de mini-séries événements qui remporteront un grand succès dans les années 1980 (dont La Vengeance aux deux visages, devenue culte), la fiction australienne repose depuis les années 1990 sur quatre piliers. Les soaps, comme Home and Away et Neighbours, rendez-vous insubmersibles et réservoirs à futures stars (la dernière en date
étant Margot Robbie). Des séries familiales très dramédies (Sea Change, Packed to the Rafters, Mc Leod Daughters, The Secret Life of Us,
Offspring…). Des sitcoms assez trash (Kath and Kim, Summer Heights High…) Et régulièrement des séries chocs comme Underbelly, un Soprano
local, en forme d’anthologie, explorant la riche histoire criminelle contemporaine de l’Australie.

Lire la vidéo

le miroir de la société

Depuis quelques années, la fiction australienne est marquée par la prise en compte de son multiculturalisme. Que l’on verra dans un succès comme Hartley, cœurs à vifs. Et la montée en puissance des talents aborigènes. Longtemps ostracisée, la culture des premières nations australes irrigue le renouveau de la fiction locale. Que ce soit dans les questions sociétales
(Redfern Now), en comédie (Black Comedy), dans le polar (Mystery Road) dans le fantastique (Cleverman, Glitch), la fiction politique (Total Control, sélectionnée à Séries Mania 2020 en Séance spéciale) ou la fiction pour adolescents (Mustangs FC). La fiction australe n’hésite plus non plus à ausculter sa société, son histoire et ses questionnements : le racisme (The Slap), la violence scolaire (The Principal), la montée du néonazisme (Romper Stomper), les abus sexuels chez les religieux (Devil’s Playground),
l’immigration illégale (Safe Harbour) la fin de vie (The End, Panorama international 2020), les essais nucléaires dans le bush (Opération Buffalo,
Panorama international 2020) ou le péril climatique (The Commons). Tout en cultivant une vraie appétence pour le fantastique comme le prouvent deux autres séries présentées ces dernières années à Séries Mania, The Kettering Incident et Lambs of God. Une fiction qui doit faire face, comme partout, à la montée en puissance des plateformes
globales. Secteur public (ABC, SBS), privé (Channel 7,9 et 10) et Pay tv (Foxtel), désormais accompagné par la plateforme locale Stan, sont
en pleine réflexion éditoriale. Mais les projets annoncés montrent bien que les talents ont clairement envie de continuer à faire entendre leur « Aussie voice ».

Lire la vidéo

QuatRe séries australiennes sélectionnées à series mania 2021

Compétition Comédies

Fisk

Première internationale – Comédie – Australie
Détails et Réservations
Compétition Formats Courts

Iggy & Ace

Première internationale – Dramédie – Lgbtq+ – Australie
Disponible sur seriesmaniaplus.com
Détails et Réservations
Panorama International

The Unusual Suspects

Première internationale – Dramédie – Australie
Détails et Réservations
Panorama International

Wakefield

Première européenne – Drame – Australie
Détails et Réservations