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À la réalisation de Dérapages, Ziad Doueiri fait des prodiges. Assistant de Quentin Tarantino dans les années 1990, réalisateur de cinéma renommé entre Liban, France et États-Unis (L’Attentat, L’Insulte), il est aussi derrière la caméra de Baron Noir depuis 2016. Le cinéaste a répondu à nos questions à quelques jours de la sortie de son nouveau thriller social haletant, disponible sur ARTE et qui aurait dû être en Compétition Internationale au Festival 2020. 

Comment êtes-vous arrivé sur le projet de Dérapages ?  
Gilles De Verdière qui est producteur pour Mandarin TV, m’a contacté alors que j’étais à Beyrouth pour me proposer de lire le scénario de la série. Je n’avais jamais lu Pierre Lemaître ni vu Au Revoir Là-Haut. Le texte de Dérapages, basé sur son livre Cadres Noirs, était sublimement écrit, le personnage d’Alain Delambre était très bien développé. J’ai dit oui tout de suite. 

La série bascule de la comédie noire au pur thriller, en passant par le portrait sensible d’un homme brisé. De quelle manière avez-vous géré ce mélange des genres à l’image ? 
Le style et la manière de filmer ont été uniformes tout au long du tournage. Le mélange des thèmes vient de l’histoire elle-même et c’est ce qui a rendu cette série agréable à filmer pour moi, tout comme le travail avec les acteurs et l’équipe. 

Doit-on voir dans la colère qui explose du personnage central la traduction des événements récents comme les gilets jaunes, même si le roman dont la série est adaptée avait été écrit avant ? 
C’est au spectateur de choisir ce qu’il veut y voir. Quand j’ai commencé la série, il n’y avait pas encore les manifestations. J’ai été fidèle au scénario, à l’histoire. La dimension sociale n’est pas un but en soi, elle sert plutôt comme arène mais n’est pas le sujet central. Le sujet pour moi c’est l’histoire d’Alain Delambre, ses failles, son évolution, sa relation avec sa famille, les patrons, etc. 

j’admets avoir toujours un penchant pour les acteurs instinctifs

Dans Baron noir, vous filmez déjà Kad Merad dans un rôle à contre-emploi. Que ce soit Éric Cantona ou Alex Lutz, la série les présente dans un registre nouveau. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces castings inattendus ? 
À vrai dire, quand j’ai rencontré Kad Merad, Niels Arestrup, ainsi que Éric Cantona, Alex Lutz, Suzanne Clément, Anna Mouglalis, je n’avais jamais entendu parler d’eux. Je ne savais pas qui ils étaient puisque j’habite entre Beyrouth et Los Angeles. Donc je n’avais pas de parti-pris ou de préconception sur ces acteurs formidables. Quand je travaillais avec eux, je leur communiquais seulement ce que j’avais en tête, ce n’était pas lié à ce qu’ils avaient fait auparavant. Mais j’admets avoir toujours un penchant pour les acteurs instinctifs, pas trop cérébraux ou analytiques.  

Quelles ont été vos inspirations pour Dérapages  ? 
L’inspiration est venue de l’équipe de la série. De mes discussions avec Pierre Lemaître, le producteur Gilles De Verdière, Olivier Wotling de ARTE, Tommaso Fiorilli, le chef opérateur et Françoise Dupertuis, la cheffe décoratrice. Mais je dois dire aussi que les photographies de William Eggleston ont été très inspirantes. 

Pour finir, quelle(s) série(s) regardez-vous en ce moment ? 
Ma fille Mia, qui a 11 ans, a insisté pour que je regarde Les 100 sur Netflix. C’est la première  série que je regarde de ma vie ! 

DERAPAGES